La Fed devrait acter une baisse de taux demain soir, mais les marchés scrutent déjà plus loin. Si une détente monétaire de 25 points de base semble acquise, l’enjeu se déplace désormais vers la trajectoire à moyen terme. Les investisseurs s’interrogent : combien de baisses en 2026 ? Deux, trois… ou moins ?
Demain soir, la Réserve fédérale américaine (Fed) rendra son verdict sur les taux. Un très large consensus (près de 90 %) anticipe une détente de 25 points de base. Mais la véritable question pour les investisseurs se situe ailleurs : quelles seront les projections pour 2026 ? C’est en tout cas le signal envoyé par le marché obligataire depuis le début du mois.
A partir du 20 novembre, plusieurs membres de la Fed – de John Williams à Christopher Waller – ont indiqué qu’il restait une marge pour réduire le coût de l’argent.
Consécutivement à cela, les premiers mouvements de marché ont été assez « logiques », avec notamment un rebond de l’eurodollar (voir encadré jaune), sorti de son canal baissier de court terme (en gris ci-dessous).
Evolution de la paire eurodollar depuis juillet 2025.
Source : ProRealTime
Depuis, la dynamique sur le marché obligataire interpelle.
L’évolution du TNote témoigne d’un retour des rendements au-dessus de 4,15 %, contre 4 % fin novembre (cf. rectangle coloré ci-dessous).
Evolution du TNote depuis novembre 2024.
Source : TradingView
Un mouvement a priori contre-intuitif, mais qui reflète des doutes sur le rythme des baisses de taux en 2026. Alors que le consensus des économistes tablait sur trois baisses l’an prochain, les anticipations sont récemment revenues à seulement deux.
Baisse de taux : des signaux contradictoires
En parallèle, des tensions apparaissent sur les marchés mondiaux. Au Japon, la Banque centrale (BoJ) rendra son verdict en fin de semaine prochaine. Son gouverneur a d’ailleurs pris ses distances avec la nouvelle Première ministre en évoquant la possibilité d’une hausse des taux.
« Les banques centrales ont complètement semé la confusion dans leurs messages au marché. D’abord, les communications schizophréniques de la Fed ont fait passer les probabilités d’une baisse des taux en décembre de 80 % à 30 %, puis à 100 %, et maintenant, la Banque du Japon vient de faire passer les probabilités d’une hausse des taux en décembre à 80 %, alors qu’elles n’étaient que de 20 % il y a dix jours ! »
Source : X / zerohedge
Ce revirement simultané – Fed plus accommodante à court terme, BoJ potentiellement plus restrictive – a entraîné les premiers débouclages des opérations historiques de carry trade (consistant à emprunter en yen pour investir en dollar). Résultat : de nombreux institutionnels se retrouvent contraints de revendre des obligations américaines, ce qui explique le mouvement observé.
Le Japon étant un financeur historique des Etats-Unis, cette dédollarisation – amorcée depuis plusieurs années, la Chine réduisant également ses positions – pourrait avoir des implications plus larges et pousser la Fed à soutenir certains pans de l’économie (cf. ci-dessous).
Source : X / Charles Dereeper
Ce qui surprend, c’est le timing. En principe, ce type d’intervention survient après un incident dans le système ou dans le financement, comme ce fut le cas à la fin de l’hiver 2023 avec les banques régionales américaines.
A moins que les couacs d’octobre ne dissimulent d’autres risques ?





