Alors que 2025 s’achève, plusieurs signaux déjà visibles laissent présager une année 2026 pleine de secousses sur les marchés. Tensions géopolitiques persistantes, révolution technologique accélérée et reconfiguration des marchés de la dette pourraient en effet transformer en profondeur le paysage financier. Voici cinq tendances clés à connaître pour investir efficacement en Bourse en 2026.
La fin d’année approchant, le moment est venu de nous livrer à notre traditionnel exercice d’anticipation pour l’année à venir. Pas question bien sûr de réaliser des prédictions à l’aveugle : la boule de cristal, très prisée sur les plateaux télévisés et chez les influenceurs, reste un outil peu performant sur les marchés financiers.
Et s’il est naturellement impossible de prédire l’évolution des indices boursiers, la stratégie monétaire des banques centrales, ou encore l’évolution des conflits armés, certains événements majeurs sont cependant déjà attendus – voire en cours de planification. Encore peu connus du grand public, ils vont avoir un effet majeur sur les Bourses mondiales.
Voici un tour d’horizon des cinq événements qui pourraient faire de 2026 une année boursière bien différente de 2025.
IA : après la pénurie d’énergie, la pénurie de mémoire
Le besoin colossal en énergie des centres de données était une thèse majeure d’investissement depuis deux ans. La multiplication du nombre de projets de data centers engloutissant parfois l’équivalent de l’énergie produite par une centrale nucléaire a créé une pénurie d’électricité sans précédent, en particulier aux Etats-Unis.
Mais depuis quelques semaines, le facteur limitant n’est plus la disponibilité d’électricité mais la pénurie de mémoire vive. Les grands modèles de langage (LLM), qui embarquent des milliards de paramètres, nécessitent une quantité inédite de mémoire vive dans les serveurs informatiques. Dans le même temps, la production de DRAM est très loin de pouvoir suivre la demande.

Evolution du prix de 32 Go de DDR5 depuis début septembre.
Infographie : DropReference
La situation est telle que les constructeurs de serveurs informatiques sont contraints de cesser la commercialisation de leurs offres les plus abordables pour se concentrer sur le haut de gamme, là où la hausse du prix de la mémoire peut être absorbée par des marges plus importantes.
Le prix des data centers et du matériel informatique en général va exploser dans les prochains mois, et de nombreux projets deviendront non rentables. Les constructeurs de puces de mémoire, de leur côté, vont réaliser des résultats record durant les prochains trimestres.
SpaceX : l’IPO du siècle en 2026 ?
Alors que l’avance de Tesla sur le marché de la voiture électrique se réduit à vive allure, le très controversé Elon Musk reste un acteur indétrônable du spatial avec sa société SpaceX. Qu’il s’agisse de lancer des satellites à moindre coût ou d’assurer une connectivité satellite sur toute la planète, SpaceX est devenue incontournable.
Selon des rumeurs de plus en plus pressantes, la société devrait être introduite en Bourse dès l’an prochain. Sa valorisation, qui était de 400 Mds$ lors du dernier tour de table, devrait être fixée à 800 Mds$ selon le Wall Street Journal. L’agence Bloomberg évoque même le chiffre de 1 500 Mds$, soit une fois et demi plus que la capitalisation boursière de Berkshire Hathaway.
Une chose est sûre : SpaceX entrera immédiatement dans la cour des grands, et devrait devenir l’un des moteurs de croissance des indices boursiers – surtout si les acteurs de l’IA et de la défense perdent leur place privilégiée dans le cœur des investisseurs.
Pétrole : vers un baril à 50 $ ?
Selon Trafigura, qui négocie quotidiennement plus de 6,5 millions de barils de pétrole sur toute la planète, la surabondance de pétrole va se prolonger l’année prochaine. Entre une croissance mondiale qui montre des signes d’essoufflement, une mondialisation qui cale et de nombreuses capacités de production amenées à être mises en service d’ici l’été prochain, la production d’or noir risque de largement dépasser la demande.
A l’instar de l’Agence Internationale de l’Energie (IEA), Trafigura estime que les capacités excédentaires dépasseront les 4 millions de barils par jour, soit plusieurs pourcents de la consommation mondiale.
De quoi envoyer le baril vers les 50 $, un niveau auquel les producteurs américains de pétrole non-conventionnel auront le plus grand mal à rester rentables, et où de nombreux pays producteurs habitués à un pétrole cher ne parviendront plus à boucler leurs budgets.
Dette : l’Europe devra faire sans les fonds de pension
Le changement est technique, mais il pourrait avoir des conséquences drastiques sur le marché européen de la dette publique. A partir du 1er janvier 2026, les fonds de pension néerlandais ne seront plus contraints d’investir à taux fixe pour garantir des retraites stables à leurs pensionnaires.
Or, le poids de ces fonds est loin d’être négligeable. Selon ING, ils possèdent à eux seuls près de 550 Mds€ de dette publique, qu’ils seront incités à céder pour suivre l’évolution de la réglementation locale. Ils restent, en cette fin d’année, les deuxièmes plus gros détenteurs de dette publique après la Banque Centrale Européenne.
Alors que les pays européens devront lever sur les marchés près de 1 500 Mds€ en 2026 pour couvrir leurs déficits et faire rouler leur dette arrivant à échéance, ce flux vendeur risque de compliquer la tâche des agences en charge du placement de la dette. Par effet de contagion, les taux demandés aux particuliers et aux entreprises pourraient repartir fortement à la hausse.
Le coût d’emprunt à 20 ans, déjà sur ses plus-hauts depuis 2011, pourrait bien atteindre rapidement les 5 %.
Infographie : Investing.com
ETF : vers une multiplication des ETF à revenu fixe
Grâce à un allègement des contraintes règlementaires sur les marchés options, les places européennes pourront désormais accueillir des contrats personnalisés sans contrainte de taille. Alors que le marché des produits à terme est aujourd’hui limité aux contrats les plus communs, il sera possible d’émettre et d’échanger une quasi-infinité de produits aux caractéristiques personnalisées. Le cours de référence, la date, ou encore le type d’exercice n’auront plus à respecter les schémas habituels, et les émetteurs d’ETF ont prévu de s’engouffrer dans la brèche pour proposer des fonds dont la performance s’appuiera sur ces produits.
First Trust a déjà prévu d’utiliser cette nouvelle possibilité pour proposer des ETF à revenu fixe aux particuliers dès le premier trimestre 2026, et BlackRock a indiqué travailler à l’élaboration de produits équivalents.
Nous devrions donc voir se multiplier les ETF limitant fortement le risque de marché en l’échange de gains plafonnés. Ils seront une bénédiction pour les investisseurs individuels qui souhaitent s’exposer au marché actions sans risquer de subir une perte totale du capital en cas de mauvais choix – quitte à abandonner une grande partie du potentiel de gain de leur placement.



le pétrole à 50$ pour certains, 150$ pour d’autres, difficile de faire les bons choix.