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IA : et à la fin, Google gagne ?

By 8 décembre 2025One Comment

Coup de tonnerre chez les GAFAM ! Alors qu’OpenAI et Nvidia semblaient indétrônables dans la course à l’IA, Google vient rebattre les cartes avec Gemini 3 et ses propres puces. Une annonce qui pourrait faire vaciller le narratif dominant et redistribuer des milliards de valorisation.

 

Trois ans après la sortie de la première version grand public de ChatGPT, les enjeux autour de l’IA générative sont désormais bien connus.

Décideurs publics, industriels et investisseurs ont compris que la survie du secteur de l’IA nécessitera, à l’instar d’Internet à la fin du siècle dernier, une débauche de moyens, l’émergence de services utiles, et le consentement à payer d’une clientèle solvable.

Une question reste ouverte : dans le meilleur des cas, qui captera la valeur ajoutée de ce nouveau secteur ? Depuis trois ans, la sphère financière se focalise sur le tandem OpenAI/Nvidia. Le premier, qui édite le logiciel ChatGPT, a vu sa valorisation atteindre les 500 Mds$ à la faveur de tours de table hors Bourse. Le second, qui fabrique les puces plébiscitées pour l’entraînement et l’exécution des grands modèles d’IA (LLM), vaut désormais plus de 4 000 Mds$.

A première vue, ces membres fondateurs de l’IA générative seront les mieux placés pour imposer leurs prix sur l’ensemble de la chaîne de valeur et, de ce fait, s’approprier la majeure partie de la valeur ajoutée des services innovants. A l’instar de Google et Amazon sur la publicité en ligne, les marchés anticipent qu’OpenAI et Nvidia génèreront des milliards grâce à leur position dominante respective.

Certains analystes sont même allés plus loin, et ont prophétisé un effondrement du modèle d’affaires des grands acteurs du Web à mesure que les particuliers cesseront d’utiliser les moteurs de recherche et les réseaux sociaux pour privilégier les échanges directs avec des chatbots.

Il n’en fallait pas plus pour déclarer la mort des GAFAM au profit des stars de l’IA – et les évolutions de valorisations respectives depuis deux ans allaient dans le sens de cette grande rotation de capitaux.

Mais, au mois de novembre, un dinosaure de la tech a réalisé deux coups de maître. Alphabet, la maison mère de Google, a en effet dévoilé son nouveau modèle Gemini 3. Il réalise, au dire des experts du secteur, des performances remarquables. Mieux encore, il a été entraîné non pas sur des puces Nvidia, mais sur des processeurs conçus en interne. Cette annonce vient faire voler en éclats le narratif de toute-puissance d’OpenAI et de Nvidia, et pourrait bien causer un dégonflement brutal de la bulle de leur valorisation au profit de celle d’Alphabet et de ses partenaires industriels.

 

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Depuis la fin 2022, la valeur de l’action Nvidia (NVDA, en bleu) a augmenté cinq fois plus que celle de l’action Alphabet (GOOG). Un rapprochement des deux courbes est possible si le narratif dominant s’effondre suite aux dernières annonces de Google.
Source : TradingView

 

 

Google : la fin du mythe de la barrière technologique

Les valorisations stratosphériques accordées à OpenAI et Nvidia n’ont de sens que si l’IA devient un marché pesant des centaines de milliards de dollars par an, et que ces deux acteurs restent indétrônables sur leur métier respectif.

Le premier point reste très hypothétique : OpenAI devrait péniblement générer 10 Mds$ de chiffre d’affaires cette année tout en perdant entre 16 Mds$ et 30 Mds$, selon les estimations.

Il ne fait guère de doute que le second point est désormais caduque. En parvenant à créer une IA généraliste aussi performante, voire meilleure, que celle d’OpenAI, Alphabet prouve que la firme de Sam Altman ne dispose que d’une très faible avance technologique.

Au mois de janvier 2025, la sortie du modèle DeepSeek, réalisé avec un investissement initial négligeable par rapport au coût de ChatGPT, avait déjà ébranlé les certitudes. L’arrivée de l’IA chinoise avait démontré que créer des modèles aux performances modestes (mais souvent suffisantes) était possible avec peu de moyens. La sortie de Gemini 3 enfonce le clou : ChatGPT, déjà attaqué par les acteurs low cost, ne pourra même plus se réfugier dans le haut de gamme en mettant en avant une prétendue supériorité fonctionnelle si Google fait aussi bien.

Il en est de même pour les puces Nvidia.

L’électronicien a fait ses choux gras de la performance de ses processeurs dédiés à l’exécution et à la création d’IA génératives. Or, s’il semble improbable que DeepSeek ait réellement été créé sans recours aux puces Nvidia comme l’annonçait un temps son créateur, il est établi que Gemini 3 utilise des puces conçues par Alphabet.

 

Google_puce_Alphabet_081225

La gamme de puces Ironwood, conçue par Google, est une alternative crédible aux puces Nvidia.
Photo : Alphabet

 

En cette fin d’année, il est donc établi que Nvidia n’est plus un fournisseur incontournable pour les entreprises qui veulent développer des IA génératives.

 

Une arrivée remarquée sur le marché

Alphabet est en réalité loin de faire ses premiers pas dans la conception de puces dédiées à l’IA. Elle s’est attelée à la tâche il y a plus de dix ans de cela, afin de pouvoir traiter efficacement les services de traduction offerts dans le cadre de Google Translate sur les appareils Android et sur le Web.

Les TPU (Tensor Processing Unit) Ironwood sur lesquels s’appuie Gemini 3 sont la septième génération de ces composants spécialisés. Cette nouvelle mouture offre des performances quatre fois supérieures à celles de la génération précédente, et a déjà suscité l’intérêt du reste de la tech.

Selon les dernières rumeurs, le groupe Meta (maison mère de Facebook et Instagram) serait en train de négocier l’achat de puces pour plusieurs milliards de dollars auprès d’Alphabet – illustrant la rapidité avec laquelle Nvidia pourra voir son carnet de commandes s’évaporer.

En parallèle, Alphabet a annoncé un nouveau service d’IA à la demande. Pour les entreprises qui souhaitent développer des produits utilisant l’IA sans gérer elles-mêmes de coûteux centres de données, la nouvelle offre nommée N4A propose un rapport performance/coût deux fois plus important que les produits actuels basés sur des architectures Intel ou AMD.

 

Vers un retour de la valeur ajoutée aux utilisateurs ?

Sauf nouveau revirement technologique, les offres d’OpenAI et Nvidia devraient être de plus en plus concurrencées par des alternatives plus performantes et moins chères.

A mesure que les différents acteurs seront en mesure d’opter pour des options moins onéreuses, leur chiffre d’affaires devrait croître moins vite que le secteur dans son ensemble – et peut-être même diminuer.

La valeur ajoutée des services basés sur l’IA sera alors mieux répartie entre les différents participants à la chaîne de valeur, ce qui apportera un bol d’air aux start-ups qui sont aujourd’hui incapables d’innover à moins de dépenser des centaines de millions de dollars en infrastructures ou en coûts d’exploitation.

Au niveau macroéconomique, le dégonflement de la bulle de l’IA causera une diminution de la capitalisation boursière totale du secteur, qui pourra même emporter les indices à la baisse au vu du poids de Nvidia à la Bourse de New York. Mais au niveau microéconomique, Alphabet et ses partenaires (TSMC, Broadcom, Analog Devices) pourraient grandement profiter de cette redistribution des cartes.

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Etienne Henri

Etienne Henri est titulaire d'un diplôme d'Ingénieur des Mines. Il débute sa carrière dans la recherche et développement pour l'industrie pétrolière, puis l'électronique grand public. Aujourd'hui dirigeant d'entreprise dans le secteur high-tech, il analyse de l'intérieur les opportunités d'investissement offertes par les entreprises innovantes et les grandes tendances du marché des nouvelles technologies.

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