Skip to main content
ActionsHighTechInformatique quantique

Le pari à 10 Mds$ de JPMorgan

By 27 octobre 2025No Comments

En quête de nouveaux relais de croissance, JPMorgan s’aligne discrètement sur les priorités de Donald Trump. Défense, IA, minerais critiques : la banque privée a choisi d’injecter 10 Mds$ dans des secteurs hautement stratégiques, tout en capitalisant sur l’effet d’aubaine politique…

 

Le groupe bancaire JPMorgan, qui pèse plus de 820 Mds$ à la Bourse de New York, fait partie de ces mastodontes dont la croissance organique n’a plus rien d’évident. A l’instar d’un Apple, d’un Caterpillar, ou d’un Amazon, comment grandir alors que l’on a déjà une place de référence sur son marché cible ?

Jamie Dimon, patron de la première banque américaine, a trouvé un relais de croissance pour augmenter l’envergure financière de son groupe dans les prochaines années : le financement en capital-risque. Pour le patron jamais avare de confidences dans les médias, la banque JPMorgan serait même prête à endosser le rôle de grand sauveur de la sécurité nationale en investissant dans ce secteur jusqu’ici peu recherché sur les marchés américains.

 

JPMorgan_cours_271025

Comment grimper quand on est déjà au sommet ? Après avoir triplé sa valorisation en cinq ans, le groupe JPMorgan Chase joue sur le contexte politique pour sa prochaine phase de croissance.
Infographie : TradingView

 

Ce faisant, il met sans le dire clairement son groupe dans les pas de Donald Trump, qui a multiplié depuis quelques semaines les prises de participations dans des activités jugées stratégiques avec l’argent du contribuable. Le pari peut s’avérer gagnant : le nouveau président a prouvé qu’il n’avait aucun scrupule à faire feu de tout bois pour que l’administration mène les actions qu’il considère comme les plus urgentes.

Pour une banque privée, investir dans les priorités de la Maison-Blanche permet de s’assurer de ne pas faire cavalier seul. Les coups de projecteur de Donald Trump, très médiatisés, déclenchent souvent une ruée de la part des investisseurs opportunistes. Etre placé en amont sur les dossiers brûlants permet de s’assurer de faire partie de ceux qui auront bien acheté, et non uniquement de la masse des « suiveurs » qui risquent de se retrouver, au bout du compte, à conserver des valeurs dont les gains à venir sont parfois bien hypothétiques.

Pour marquer les esprits, Jamie Dimon a promis de mettre sur la table pas moins de 10 Mds$ en capital-risque dans ces activités jugées stratégiques pour la nation. Une somme tout à fait raisonnable au vu de la capitalisation du groupe bancaire, et qui devrait être une goutte d’eau dans le grand plan de financement de la sécurité nationale prévu pour atteindre les 1 500 Mds$ sur dix ans.

 

Quatre secteurs privilégiés qui feront plaisir à Trump

 Pour son premier volet d’investissement en capital-risque, JPMorgan va cibler des domaines qui ne pourront que ravir le locataire de la Maison-Blanche.

Déplorant publiquement la dépendance des Etats-Unis à « des sources non fiables de minerais critiques, de produits et de production essentiels à notre sécurité nationale », Jamie Dimon a annoncé focaliser ses investissements dans la défense et l’aéronautique, l’indépendance énergétique, les technologies à la mode comme l’IA et l’ordinateur quantique, mais aussi les minerais critiques.

Un positionnement qui n’est pas sans rappeler celui que va assurer Bpifrance dans les prochaines années, avec pour objectif équivalent de rendre à l’Europe sa souveraineté dans ces domaines.

A ce jeu, JPMorgan aura toutefois une longueur d’avance incontestable au vu des montants mis sur la table, et la probabilité que les entreprises implantées aux Etats-Unis renforcent ou retrouvent leur avance grâce à ces capitaux fléchés est loin d’être négligeable.

 

JPMorgan n’a pas le choix

Reste que ce plan d’investissement massif de JPMorgan est annoncé dans un contexte quelque peu délicat pour le groupe. Les tensions croissantes sur le marché de la dette aux Etats-Unis sont venues rappeler que les groupes bancaires restent exposés, par leur portefeuille de prêts, à la santé des entreprises de l’économie réelle.

Récemment, c’est la banque automobile Tricolor qui a déposé un dossier de faillite, conduisant JPMorgan à anticiper une perte de 170 M$ au vu de son exposition au dossier. Lors de l’annonce de la perte à venir, la banque a pudiquement avoué qu’il ne s’agissait « pas de son heure de gloire ». Et pour cause : la faillite de Tricolor est entachée de soupçons de fraude, une situation qui n’est pas sans rappeler celle d’Enron en 2001.

Pour le P-DG du groupe, cette faillite ainsi que celle de l’équipementier automobile First Brands sont le signe que « les exigences pour les octrois de prêts sont devenues trop laxistes ces dernières années ». Lors de son discours, il a complété ce pavé dans la mare d’une prédiction qui aurait dû glacer les marchés : « en cas de ralentissement économique, vous verrez se multiplier les incidents de crédit ».

Sauf à considérer que la croissance américaine ira en accélérant dans les prochains mois, ce qu’aucun analyste sérieux ne prévoit actuellement, les établissements bancaires et leurs investisseurs doivent donc anticiper une augmentation des taux de défaut et une hausse des dépréciations des portefeuilles de crédit. JPMorgan doit donc assurer ses arrières avec des relais de croissance en phase avec la situation du pays – et c’est là où les investissements dans les pas de la politique de Donald Trump interviennent.

Le groupe peut également s’appuyer sur un ratio de solvabilité CET1 de 14,8 %, bien au-delà des exigences, et sur une capacité d’auto-absorption des pertes de 568 Mds$, de quoi rassurer quant à sa capacité à traverser une récession.

Avec un cours qui commence à refluer sous ses plus-hauts historiques, la possibilité d’un retour de l’action vers les 250 $ n’est pas à exclure. A ces niveaux, le titre offrirait une belle opportunité de s’exposer à la résilience de l’économie américaine même en cas de ralentissement généralisé.

Etienne Henri

Etienne Henri est titulaire d'un diplôme d'Ingénieur des Mines. Il débute sa carrière dans la recherche et développement pour l'industrie pétrolière, puis l'électronique grand public. Aujourd'hui dirigeant d'entreprise dans le secteur high-tech, il analyse de l'intérieur les opportunités d'investissement offertes par les entreprises innovantes et les grandes tendances du marché des nouvelles technologies.

Laisser un commentaire

FERMER
FERMER
FERMER

5 Valeurs pour doubler votre PEA

X