L’intelligence artificielle a été le moteur d’une envolée spectaculaire des marchés, propulsant le S&P 500 et le Nasdaq vers des niveaux record. Mais derrière cette euphorie technologique, les signaux techniques commencent à clignoter : volumes en baisse, divergences sur les indicateurs, prises de bénéfices inattendues… Autant de signes qui invitent à la prudence !
La semaine a été assez agitée sur les marchés.
Le secteur incriminé ? La tech, et plus particulièrement les entreprises qui opèrent tout ou partie de leurs activités dans l’intelligence artificielle.
Sans rentrer dans les détails, les investisseurs commencent à s’inquiéter des centaines de milliards investis dans ce secteur – alors que les cours ont propulsé les indices boursiers sur leurs plus-hauts, et que les revenus… eux… pourraient ne pas suivre.
En tout cas, il pourrait se passer un certain temps avant que cette industrie arrive à en dégager suffisamment pour couvrir le montant de ses dépenses et investissements.
D’où le titre de cet article : sommes-nous face aux « prises de profits » de ceux qui ont surfé sur cette vague en 2025, ou face à une « prise de conscience » des marchés ?
Vu le niveau de valorisation atteint par les acteurs de ce secteur et leurs perspectives à court terme… je suis sceptique. En clair et décodé : « merci pour tout et mieux vaut aller jouer ailleurs ! »
Euphorie IA : deux exemples pour illustrer le phénomène
Commençons par Palantir.
Lors de sa dernière publication trimestrielle, le spécialiste du big data a annoncé des résultats (profits, chiffre d’affaires, bénéfice net par action etc..) bien meilleurs que ce qu’attendait le consensus. La société en a profité pour revoir ses perspectives à la hausse et ? … Badaboum ! Le jour de la publication, l’action a clôturé à -7,95 %.
A noter qu’un membre du conseil d’administration (Alexander D. Moore) a revendu cette semaine 20 000 actions de la société pour la bagatelle d’un peu plus de 4 Mds$. On peut se laisser à penser qu’en tant qu’administrateur il dispose d’informations de première main… Quoi qu’il en soit, la transaction a été déclarée auprès de la SEC comme le veut la règle (merci pour l’information).
Passons maintenant à SoftBank.
Les actions du spécialiste des télécommunications ont plongé de 20 %. SoftBank étant massivement investi dans la tech et spécialement dans le secteur de l’IA, ce trou d’air tend à indiquer ici aussi que les investisseurs deviennent nerveux.
Le poids des géants de la tech est tel qu’en cas de consolidation de leurs titres, ils entraîneront inévitablement les indices boursiers tels que le S&P 500 ou encore le Nasdaq100 dans la tourmente.
Alors, évidemment, nul ne saurait prévoir l’avenir.
Par contre, avec un minimum de discipline et d’analyse graphique/technique, nous pouvons facilement trouver des repères permettant de gérer nos positions de façon rationnelle.
Pour moi, chaque investisseur doit impérativement faire le boulot préalable lui permettant de savoir où, quand et comment il va gérer ses positions – et quels sont les niveaux /signaux qui lui servent à gérer son portefeuille objectivement. Sans cela, c’est la ruine quasiment assurée !
En fonction des horizons d’investissement choisis, court terme pour les uns, moyen/long terme pour les autres, chacun sera plus ou moins sensible aux variations de cours des actions qu’il détient en portefeuille.
Pour caricaturer mon propos, j’entends par là qu’un trader qui prend des positions en intraday sortira rapidement d’une position perdant de moins de 1 %. Un investisseur de long terme pourra, lui, encaisser des consolidations bien plus importantes (genre 15 %) sans stresser le moins du monde.
D’où l’analyse et les cadrages que je partage avec vous aujourd’hui. Nous allons voir ensemble où se trouvent les zones de support (et les résistances) à court, moyen et long terme.
Les grosses mains aux commandes
En préambule, rappelons si nécessaire qu’il n’y a rien d’aléatoire dans la progression des indices. Puisque comme vous le savez sans doute, une poignée de « grosses mains » font la pluie et le beau temps sur les marchés. Marchés qu’elles pilotent massivement (depuis 2008) avec l’appui d’algorithmes de trading qui leur permettent de dérouler leurs stratégies.
L’énorme avantage que nous (les « petites mains ») pouvons en retirer, est que si l’on se donne le temps (et la peine) d’observer la façon dont les cours évoluent, nous pouvons mettre en évidence les points d’appui sur lesquels les grosses mains interviennent et comment (avec quelle discipline) elles déroulent leurs stratégies.
C’est ce que je vous propose aujourd’hui avec l’exemple du S&P 500
Vous êtes investisseur de long terme ? Alors ok, on se place en vue mensuelle.
Je vous disais que les grosses mains – avec l’appui de leurs « algos » – sont et font le marché . Eh bien prenez une seconde pour observer ce graphe du S&P 500.
Evolution de l’indice S&P 500 depuis 2018.
Source : ProRealTime
En résumé, depuis 2020 :
- deux tendances haussières se sont développées (les canaux orange) ;
- la pente (l’angle de progression) de ces deux canaux est de 40 degrés ;
- l’amplitude des prix dans ces deux canaux est identique (les petites flèches vert fluo).
A ce stade, nous pouvons en tirer quelques constats :
- le S&P 500 vient de toucher la résistance oblique du canal haussier (pastille jaune) ;
- dans ce contexte, une consolidation (de court ou moyen terme) serait tout à fait « normale » ;
- il n’en reste pas moins que tant que le support de ce canal haussier reste valide – les investisseurs de long terme pourront sereinement garder leurs positions ;
- a priori, le support du canal haussier passe actuellement vers 6 500 pts (mais comme il est oblique il faudra réactualiser ce niveau au fil du temps) ;
- ceci étant dit, un investisseur de moyen/long terme pourra facilement encaisser une baisse de l’ordre de 10 % sans broncher.
Notons tout de même que le support de ce canal haussier a été cassé une fois – voire fracassé – mais c’était au printemps dernier. Cela s’est produit quand le Président américain menaçait ses partenaires économiques de lourdes augmentations des droits de douane avant de se rétracter ou d’assouplir ses demandes… sauf pour l’UE qui s’est immédiatement « couchée » sans même essayer de négocier un deal.
A ce moment-là, le S&P 500 a plongé puis rebondi sur les 50 % de retracement de la dernière vague haussière (flèche blanche), avant de clôturer pile au-dessus du support du canal haussier. Les « grosses mains » et leurs algos ont bien géré un début de panique. CQFD. Elles en ont également profité pour ramasser des positions au plus bas et désamorcer toute velléité des « bears » (les baissiers).
IA : consolidation des indices en vue
On passe maintenant sur une vue court terme ?
Evolution de l’indice S&P 500 depuis mai 2025.
Source : ProRealTime
Un investisseur de court/moyen terme surveillera la réaction des prix sur ce canal journalier (différent du canal mensuel du graphe précédent).
Grosso modo, tant que le S&P 500 reste au-dessus du support de ce canal – allez, pour faire large, 6 600/6 650 points, tout va bien.
Mais attention, les volumes marquent une pause.
L’indicateur « On Balance Volume » qui permet de visualiser les flux acheteurs – et vendeurs –montre que les acheteurs s’abstiennent. Par contre, les vendeurs n’ont pas (encore ?) repris la main. A priori, ce à quoi nous assistons n’est qu’une simple consolidation – qui se met en place dans une tendance qui reste haussière.
Même chose en ce qui concerne l’oscillateur de court terme qu’est le RSI : une nouvelle divergence baissière apparaît (voir les segments rouges sur le RSI et les prix).
Mais attention ici aussi : le RSI n’est qu’un oscillateur de court terme, pas un indicateur de tendance.
Donc, à ce stade, pour un investisseur de moyen terme, tant que la zone 6 600 pts tient en clôture, il n’y a pas de souci (raison pour laquelle j’ai placé une alarme sur ce niveau).
Si par contre le support du canal haussier en place depuis le printemps dernier (le canal bleu) vient à casser, attention ! Les indices US – donc le S&P 500, le Nasdaq100 et par voie de conséquence les indices boursiers européens, pourront consolider.
Maintenant que vous avez les principaux points de repère, on laisse le marché décider.
Et nous agirons en fonction.
Bon-week-end,
Gilles



